Le désert bolivien du Sud Lipez.


Après les salars de Coipasa et d'Uyuni, j'ai repris la route qui mène à la «Ruta de Lagunas», traversant le désert bolivien du Sud Lipez. 225 kms de pistes en sable, graviers, tôle ondulée, balayées par un vent violent, entre 4000 et 5000m d'altitude. Coincé entre le Chili et l'Argentine, ce territoire  est un joyau composé de volcans frôlants les 6000 m, de neuf lagunes colorées, d'espaces minéraux à perte de vue. 

Parcourir cet itinéraire difficile à vélo est un défi pour les cyclos au long cours. Certains parlent du Graal. J'ai compris pourquoi après huit jours de vie intense dans une nature pas complaisante. 

Les étapes sont courtes et souvent ralenties par le vent W/SW qui souffle à plus de 50 kmh. 38 kms en 12 heures de lutte contre les rafales, le sable qui stoppe net les roues, le poids du vélo dépassant les 45 kgs. Il faut prévoir de l'eau pour deux jours et huit jours de ravitaillement. Lourd, très lourd quand on pousse Malabar à 4900 mètres...

Pourquoi en baver autant alors que la «Ruta de Lagunas» se parcourt en 4x4 confortablement? Parce que le Graal a un prix bien plus élevé que les centaines d'euros demandés aux touristes.

Ce prix imposé par la Nature, est celui de la persévérance dans l'effort, de la résistance aux affronts des éléments, de l'abstraction de la souffrance du corps. Malabar a résisté aux milliers de vibrations et moi, j'ai tenu bon en pliant l'échine, certes.

Le paysage est grandiose et balaye les difficultés du moment. Chaque instant est un cadeau de la Pachamama. Vivre en solitaire dans ce désert est une aventure personnelle, un voyage intérieur. Cette dualité entre l'épreuve physique et la récompense mentale procure une extase tellurique indescriptible. 

Une viscache bolivienne finit les épluchures de pomme. Je ne suis pas seul. Les vigognes sauvages vivent dans le désert. Sur les lagunes, les flamands de James et les mouettes profitent de l'eau. Un lézard couleur sable cavale se mettre à l'abri.

4925 mètres d'altitude au col del Sol de Manana. Mon coeur bat la chamade, par manque d'air probablement, mais surtout par le bonheur d'être monté si haut avec Malabar. La veille, j'ai planté la tente à 4840 mètres car le vent m'empêchait de continuer à monter. La nuit fût la meilleure de la traversée, sans cette sensation d'asphyxie qui survient pendant le sommeil. Au matin, par moins 10°C, pas un souffle d'air, la Nature m'accorde un répit pour profiter du col et des geysers bouillonnants. Le ventre de la terre claplote. Des bulles de gaz percent la surface boueuse et grise.

J'aime la pierre, les roches sculptées, le monde minérale. La géographie du Lipez m'a gâté par simplicité : des plateaux dénudés bordés de pentes volcaniques, douces ou abruptes comme le volcan  Licancabur.

Les couleurs inondent les lagunes: Colorada, Verde, Blanca. 

Le peintre Dali a posé son décor au Desierto del Dali. J'ai cherché des montres molles et n'ai vu que des roches erratiques.

 

Je suis sorti lentement du désert en savourant les derniers instants. Un volcan dessine un immense coeur face à moi. Un ultime cadeau du Lipez. Le Graal du cyclo...

DES INFOS...

  • La carte  à jour

https://www.google.com/maps/d/edit?hl=fr&mid=1dfOP0N3ZGruoZQKGgyAI5nBRN592iEcV&ll=-19.74254901638345%2C-68.3911434197903&z=6

  • Réserve nationale de fauna andina Eduardo Avaroa. Entrée 150 Bs.
  • De Uyuni, 200 kms de piste en dur avant La ruta de Lagunas, du nord au sud, 225 kms après Alota.
  • 42 kms de descente vers San Pedro de Atacama au Chili.
  • Ravitaillement en eau tous les 2 jours et possibilité de demander aux 4x4.
  • Orientation évidente en longeant la piste principale. Nombeuses pistes parallèles peu praticables à vélo.
  • Peu de bivouac abrité. Levée de pierres à repérer dans le paysage.
  • Air très sec et froid. Attention particulière aux fermetures ZIP des tentes et des vêtements.
  • Gercure de la peau surtout des mains
  • Gel nocturne. Mettre les gourdes d'eau dans la tente.
  • Piste technique avec un vélo chargé. Privilégier le fatbike pour limiter l'ensablement dans les ornières, les vibrations de la tôle ondulée. 

Commentaires

  1. Tu es formidable dans une aventure extraordinaire..Bonne route ..Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Jean-Paul. J'ai la chance d'être sur un itinéraire extraordinaire . Notre planète est belle pour qui sait la contempler. Amitiés.

      Supprimer
  2. Moi je ne te lis plus....trop envie d'y être...NA.......... Bien sur que non, tu nous fais rêver JP. SUPERBE cette étape. UN gran aplauso JP

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci d'apprécier ce parcours désertique. Qui es tu Unknown? Il y en a d'autres et je ne sais pas qui m'écrit....

      Supprimer
  3. Salut Jipé
    Compris. J achète prochainement le fat bike! Salar et sud Lipez sont des merveilles. Profites bien de ce coin de la Pachamama.
    Lo

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Un vélo pour les pistes des Andes.

Le grand blanc. Les salars de Coipasa et d'Uyuni.

Sacoches classiques ou bikepacking ?